Il paraît logique de dire que le paysan ayant été agriculteur durant plusieurs générations avant de devenir mineur intermittent, la mine de Saint Paulet était exploitée par des "paysans mineurs", plus ruraux qu'ouvriers, partageant leur temps, et leur vie, entre ces deux pôles d'activité. Ne soyons pas trop exclusifs, il existait aussi des mineurs à temps complet, durant toute l'année. Avant d'aller plus loin, accordons nous une petite récréation. Suivez-moi, nous allons prendre la route de la Valbonne et nous arrêter entre les fermes Monnet et Lacour. Regardez: là, à votre gauche, en bordure du chemin, ces murs de pierres engagés dans le talus; Ils supportaient le basculeur de wagonnets et la goulotte qui formaient le poste de chargement des tombereaux, puis des premiers camions. Toutes ces manutentions étaient effectuées à la force des bras, pousser les wagonnets, les renverser dans le basculeur et, comme la pente de la goulotte était un peu trop faible il fallait bien souvent faire glisser les mottes à l'aide d'une pioche! Puis, le tombereau chargé, retentissait la phrase traditionnelle: "Faï tira, Marius" et, d'un coup de rein, le cheval arrachait le véhicule. Un claquement de fouet, en l'air bien sûr, et le charretier partait pour, souvent, plusieurs dizaines de kilo-mètres. Le départ des petits camions dont les roues arrières, à bandages pleins, étaient entraînées par chaîne n'était pas moins remarquable. Le premier camion presque moderne a été un "Rochet-Schneider" qui appartenait a une entreprise de transport de Saint Martin d'Ardèche. Chut! écoutez: ils arrivent, les mineurs. Ceux là viennent de Gavanon, ils habitent les maisons situées prés d'une mine abandonnée après inondation, en bordure le la forêt de Valbonne. Et oui, ils viennent à pieds, par le sentier des mineurs, qui passe devant les fermes de La Fûmade, des Raoux, du Grand Chêne, des Fauvelet et des Lacour. Ce sen-tier continuait après la mine et allait, à travers les vignes, jusqu'à Chazel, où logeaient d'autres mineurs. Certains venaient même de Saint Julien de Peyrolas. Arrivés sur le carreau de la mine ils prenaient leur lampe à carbure, à flamme nue car il n'y a pas de grisou dans le lignite, leur pic, si c'était jour "d'appointage" opération réa-lisée à l'atelier de forge, et, pas toujours, leur casque. N'oublions pas la musette contenant la "biasse" et la boisson, qui soutiendront l'ouvrier durant la journée de travail. Mais peut-on parler de journée de travail pour désigner les heures passées dans la nuit des galeries? |